25/10, 50 ans après ?

Le 25 octobre 1972, Antoine RIBOUD, Président de BSN, prononçait un discours historique sur le thème de la croissance et de la qualité de vie lors des Assises du patronat français. Ce « grand patron » qui avait une vision affinée de « l’économie » profite de la tribune qui lui est offerte pour transmettre les idées qui lui tiennent à cœur. Réécoutons son discours… en prenant soin de le (re)mettre dans son contexte !

François Ceyrac, Vice-président du Conseil national du patronat français (CNPF), qui lui a demandé d’intervenir aux Assises a dû être bien surpris en entendant ces mots : replay d’un extrait du discours. Antoine RIBOUD affirme alors le bon sens : « l’équilibre de la maison ! ». Sachant parfaitement que le mot économie vient du grec oikos (maison) qui désignait à l’origine l’art de gérer sa maisonnée, il en souligne les deux jambes : les richesses humaines et les financements nécessaires à la réalisation de l’action.

A l’époque, son discours surprend. Le dialogue social n’est pas encore ce qu’il est devenu depuis, et l’affirmation du nécessaire équilibre à trouver, en tenant compte de son écosystème, est presque révolutionnaire pour certain. Nous sommes juste avant la 1ère crise pétrolière, et cette position aura une portée d’autant plus symbolique après, alors que la dérive du pouvoir de l’actionnariat sur le management de l’entreprise en deviendra l’une des conséquences dont nous mesurons aujourd’hui plus que jamais les risques.

L’économie, au sens propre, c’est l’équilibre entre des intérêts contradictoires. La grande syndicaliste CFDT Brigitte PISA, Présidente de l’Association européenne des institutions paritaires (AEIP), nous rappellera le 3 novembre prochain la valeur ajoutée d’une gouvernance paritaire, ainsi que les raisons qui lui permettent d’être force d’innovation sociale, territoriale et sociétale (cf. programme et inscription au colloque « ODD 17 : les impacts du « faire alliance » en France).

Le dialogue social est en effet le meilleur moyen de trouver un équilibre… lorsqu’il n’est pas instrumentalisé par certains pour leurs propres intérêts parfois bien loin des intérêts de ceux qui sont censés être représentés ! Tout comme le difficile équilibre entre « capital » et « travail » au sein de l’entreprise, le dialogue social est un Art complexe ; mais ce n’est pas parce qu’il n’est pas sans risque qu’il faut y renoncer ! Au contraire…

50 ans après le discours d’Antoine RIBOUD, il faut ajouter une 3ème jambe à cet équilibre : la contribution de chaque organisation à son écosystème. De 2 jambes pour assurer une performance durable, il convient de passer à 3 jambes pour sécuriser une réelle pertinence face à l’effet ciseau systémique entre des fragilités grandissantes et des ressources qui se rarifient.

Tout modèle socio-économique durable repose ainsi sur 3 piliers : les richesses humaines, les ressources financières et la capacité d’alliance avec son écosystème.

Pour aider chacun à se situer dans la recherche de « l’équilibre de sa maison », un flyer sur les modèles socio-économiques a été réalisé à l’occasion du Forum National des Associations & des Fondations. Il met en valeur le 10ème dossier annuel de JURIS Association « Modèles socio-économiques : le Cap de bonne-espérance ! », le parcours pédagogique « (re)découverte de la diversité des modèles socio-économiques » lancé au FNAF avec la Banque des Territoires en 2022, ainsi que le cycle prospectif « CAP 2030 vers de nouveaux modèles socio-économiques ».

50 ans après le discours d’Antoine RIBOUD, c’est un appel à inventer ensemble notre Avenir commun qui résonne en 2022. 7 ans après la signature des Objectifs de Développement Durable, c’est la condition sine qua non pour relever les défis d’aujourd’hui… mais aussi ceux de demain ! Nous devons à la fois veiller à « l’équilibre de la maison » de chacun, prioritairement des plus fragiles d’entre nous, mais aussi à l’équilibre entre tous dans notre « Maison commune ».

C’est concrètement à partir des Projets de Territoire qu’il est possible de (ré)inventer un intérêt général à portée de main. Là où Antoine RIBOUD rappelait l’urgence d’un équilibre économique durable en 1972, c’est en effet du côté d’un intérêt général durable qu’il faut aujourd’hui poser le débat !

Le 3 novembre prochain, commençons ensemble par écouter l’avis des Français !

Charles-Benoît HEIDSIECK, Président-Fondateur du RAMEAU