L’économie de l’alliance en Actions !

Ce 23 novembre, le 4ème diner « Elus & Entreprises » a été l’occasion de partager les avancées de l’économie d’alliance en France, non seulement du coté des élus locaux (cf. article CAREnews « Une semaine de bonnes nouvelles des Territoires »), mais aussi des entreprises. Le Fonds ODD 17 qui organisait la soirée a en effet présenté la campagne de promotion « TPE-PME : Rencontrer vos partenaires de proximité pour agir plus efficacement ! » lancée aujourd’hui même sur CCI news (cf. vidéo de présentation). Durant un an, un programme de valorisation et d’accompagnement des entreprises permettra de mobiliser les acteurs volontaires pour aider à accélérer l’économie de l’alliance au plus près des réalités de terrain.

En 15 ans, les alliances stratégiques sont progressivement devenues le 3ème pilier de tous les modèles socio-économiques. Inscrit à partir de 2015 en tant qu’Objectif de Développement Durable au travers de l’ODD 17, l’invention collective d’une économie de l’alliance à la hauteur de nos défis communs est devenue un enjeu pour tous. La crise de la Covid-19 a joué l’effet accélérateur d’un mouvement de co-construction du bien commun déjà à l’œuvre en profondeur. Il est notamment une réalité incarnée sur les Territoires, au plus près des besoins, des fragilités et des réalités de terrain.

Rappelons le récit de la découverte progressive des fondements de l’économie de l’alliance …

En 2010, trois ans après le lancement des premières expérimentations d’alliances pour consolider les projets d’intérêt général, la Croix Rouge Française interpelle Le RAMEAU sur les enjeux de transformation des modèles socio-économiques d’un acteur au positionnement spécifique : un « auxiliaire des pouvoirs publics ». Statut unique, lié à la Convention de Genève, acteur de proximité par excellence, la Croix Rouge représentait à l’époque déjà 80 métiers différents (120 aujourd’hui !). Comment dans ces conditions garantir « l’équilibre de la maison » ? Après avoir étudié avec l’AFM-Téléthon le « grand virage des traitements » et notre capacité collective à prendre conscience de l’invention en France de la « médecine de demain », ce nouveau défi pour les travaux de recherche empirique menés par Le RAMEAU l’a poussé à lancer un programme de recherche dédié aux spécificités des modèles socio-économiques d’intérêt général. L’étude menée auprès des PME en 2011, en partenariat avec le CJD, confirme la pertinence des travaux : les PME engagées affirment qu’après l’ère de la solidarité avec le mécénat, puis des pratiques responsables avec la RSE, l’ère de la R&D sociétale pour inventer des solutions est en émergence. Qu’il s’agisse d’inventer ensemble (innovation sociétale) ou de répondre ensemble (coopération économique), les liens entre économie et intérêt général allaient incontestablement vers une (ré)conciliation. C’est ainsi qu’en 2012, la typologie des partenariats est publiée après 7 ans de retours d’expérience de terrain. Un référentiel avec le laboratoire de recherche du CIDES et un guide pratique en partenariat avec l’ORSE marqueront une première modélisation qui se traduira en 2013 par une prise de position sur l’Entreprise Responsable lors des Assises de l’Entrepreneuriat, et sur les liens entre démocratie et société civile au travers d’un rapport de Terra Nova piloté par Daniel LEBEGUE, pionnier en France en matière de réflexion sur les gouvernances avec notamment la création de l’Institut Française des Administrateurs (IFA).

En 2014, après 3 ans de mise en débat avec les acteurs d’accompagnement des projets et structures d’intérêt général, le Mouvement associatif prend la décision de porter la première typologie des modèles socio-économiques d’intérêt général. La valorisation de ses spécificités est alors reconnue. Pour mieux la faire connaitre, un partenariat structurant avec JURIS Associations est mis en place afin de rendre compte dans un dossier annuel dédié des avancées du cheminement collectif sur les modèles socio-économiques. Chacun a en effet conscience que loin d’être une conclusion, cette typologie ouvre un champ de réflexion et d’actions qui aide les têtes de réseau et les acteurs de terrain à se positionner, et à faire valoir leurs caractéristiques propres. Le fondement même de la démarche est en effet de valoriser la diversité des modèles afin d’être collectivement plus pertinent, et non pas d’essayer de trouver en vain le modèle qui serait le plus performant. Ce passage du « OU » au « ET » marque l’ouverture vers des réflexions et des expérimentations sur l’hybridation des modèles. Changement de paradigme, cette dernière se fonde sur la complémentarité et non pas sur la « prédominance » de l’un d’eux. Lorsque l’année suivante les pays du Sud imposent aux pays du Nord l’ODD 17, le sens profond de la valeur de la différence émerge comme une évidence, loin des batailles d’un autre siècle pour imposer aux autres SON modèle qui serait le plus performant et/ou le plus vertueux par nature. Au même moment, les Français sont clairs sur leurs attentes. Dans l’étude PHARE de l’Observatoire des partenariats, ils nous rappellent – comme en 2008 et en 2012 – l’urgence de co-construire des solutions. Le « devoir d’alliance » est réaffirmé, et selon eux : « seule l’Action est engagement ! ». Il devient urgent que l’économie de l’alliance prenne forme et soit éclairée. C’est un levier clé de l’Agenda 2030 des ODD.

En 2019, après une décennie de recherche empirique et cinq ans de son accélération, le référentiel « modèles socio-économiques d’intérêt général » est publié chez JURIS Associations, et décliné en Mooc avec l’ESSEC au travers d’une formation en ligne en accès libre. Ils sont alors lancés à l’occasion d’une conférence lors du Forum mondial Convergences. A cette occasion, le Secrétaire d’Etat à l’Engagement, Gabriel ATTAL, affirme dans un discours structurant l’importance de bien distinguer les modèles d’intérêt général de ceux d’utilité sociale afin de rendre compte des apports et des contributions de chacun. Un mois plus tard, à l’occasion du Forum National des Associations et des Fondations, il confie une mission ministérielle à la députée Cathy RACON-BOUZON, et à Charles-Benoît HEIDSIECK, président-fondateur du RAMEAU, sur l’accélération des alliances stratégiques entre associations, entreprises et collectivités. L’objectif est de faire (re)connaitre le 3ème pilier de tout modèle socio-économique. Les co-pilotes organisent alors un travail de co-construction mobilisant plus d’une centaine de réseaux publics & privés, nationaux & territoriaux… sans savoir encore que 6 mois plus tard ils rendraient leurs propositions en plein cœur du premier confinement, et que la feuille de route ministérielle serait ainsi mise en œuvre dès le lendemain du rapport remis au Ministre, notamment grâce aux moyens mobilisés par le Fonds ODD 17.

En 2021, après 6 mois de co-construction et 18 mois de mise en œuvre de la « feuille de route », le cadre, le cap, la capitalisation partagée et les conditions du « faire alliance » sont clairs. Les fondements de l’économie de l’alliance sont déjà à l’œuvre, et sa valorisation commence à porter ses fruits. Le chemin sera long, mais les « preuves de concept » se multiplient (cf. dossier spécial sur les coopérations territoriales, « Journal des bonnes nouvelles des Territoires »).

Aujourd’hui, l’enjeu est de mobiliser plus largement en nous donnant les moyens de collectivement valoriser et accompagner les acteurs économiques. Pour déployer largement le « jouer collectif » en France, il est important de cibler en premier lieu les TPE-PME qui, aux côtés des associations et des collectivités territoriales, sont en première ligne des besoins et des solutions.

Vous souhaitez découvrir le kit pratique conçu pour les entreprises ? Découvrez le dès 12h, dans le flash info hebdomadaire dédié. Ce numéro des « Jeudis de l’ODD 17 » marque la fin du cycle du mois sur « des compétences pour pérenniser ». Rendez-vous Jeudi prochain pour découvrir la « Charte du faire alliance » qui sera lancée le 30 novembre à l’occasion du Giving Tuesday.