ODD 17 : le rôle structurant des Fondations

L’Observatoire des partenariats publie aujourd’hui la fiche acteur « Dynamique d’engagement des Fondations », et le programme « Fondations & Territoires », co-piloté par la Fondation de Lille et la Fondation des Territoires, livre ses premières conclusions. L’occasion de retracer le cheminement des recherches empiriques sur l’engagement des fondations au service de l’intérêt général en France.

Les fondations ne sont pas seulement des outils juridiques de philanthropie, ce sont aussi – et peut-être surtout – des actrices de « défrichage de l’intérêt général. De par leur statut, elles sont des « tiers de confiance » naturels qui jouent un rôle structurant dans le « faire alliance ». Depuis 2008, à la fois à la faveur d’un voyage d’étude du CFF en Amérique du Nord et de l’extension des modèles de fondation, les liens entre les Fondations et les Territoires se sont renforcés.

Les fondements de la diversité des Fondations

Les Ateliers des Fondations de 2008 « Périmètre et parties prenantes des Fondations » a permis de partager un état des lieux du secteur des fondations, ceux de 2009 sur l’évaluation de partager des convictions sur leur contribution à l’intérêt général.

C’est dans ce prolongement que de 2010 à 2013, un groupe de travail du CFF sur les « fondations territoriales » s’est penché sur l’émergence de ce nouveau mode de coopération, au plus près des besoins et des réalités locales, en appréhendant une démarche systémique des enjeux territoriaux. Il s’agit d’un changement radical de mode de pensée, et un nouveau paradigme à « digérer »… deux ans avant que les Objectifs de Développement Durable ne viennent en 2015  confirmer l’intuition avec la valorisation de l’ODD 17 au rang d’Objectif… et non pas seulement de moyens.

Un terreau d’expérimentations innovantes… sur le temps long

Dans les travaux de recherche empirique du RAMEAU, les Fondations ont joué un rôle structurant : la Fondation RATP sur l’accompagnement stratégique de la gouvernance des petites associations, la Fondation RTE sur l’engagement territorial, la Fondation Bettencourt Schueller sur la capitalisation & la modélisation de la recherche empirique, la Fondation GRDF sur l’inter-territorialité, la Fondation TotalEnergies sur le financement de l’ingénierie d’alliance…

En 2012, le programme « Fondation d’avenir », lancé en partenariat avec le CFF, aura un effet démultiplicateur important sur les pratiques d’accompagnement… et sur l’utilité de partager entre « pionniers » pour faire avancer ensemble les innovantes relevant de « signaux faibles » encore peu mature pour l’écosystème. A l’issue du programme en 2015, les membres souhaiteront conserver ce lieu d’échanges entre « pionniers », et le groupe de travail se transformera en Cercle Fondation d’avenir, s’élargissant de 10 à 21 membres… nombre symbolique de la co-construction selon l’équation du mathématicien Cédric VILLANI[1].

Les Fondations sont des « défricheurs de l’intérêt général ». Elles ne sont pas les seules. Des associations telles que l’AFMTéléthon ou la Croix Rouge Française, et des entreprises comme les Caisses d’Epargne depuis 200 ans[2] sont aussi à la manœuvre. Cependant, les Fondations ont un avantage sur les autres profils d’acteur : elles ont été inventées pour incarner le temps long. Les Fondations Reconnues d’Utilité Publique font partie des rares statuts « éternels », à ne pas avoir de « date de fin ».

C’est la raison pour laquelle Le RAMEAU a lancé sous cette forme en 2016 la préfiguration de la Fondation pour la Co-construction du bien commun, et en 2018 celle de la Fondation des Territoires*. Avant de se précipiter dans l’élaboration d’une « structure », notre laboratoire de recherche empirique a pris le soin d’engager une démarche de co-construction mutli-acteur au travers d’associations de préfiguration. Après 5 ans pour l’une et 3 ans pour l’autre, ces démarches apprenantes ont permis de creuser en profondeur les objectifs, les moyens, mais plus encore les envies des parties prenantes associées à leur création respective.

Le temps d’une Fondation est un temps long… celui de la co-construction aussi !

Le programme « Fondations & Territoires » pour prendre le recul nécessaire

Comme l’indique la note de cadrage du programme : « Dans un contexte d’augmentation des besoins sociétaux, de modification profonde et de raréfaction des ressources, les territoires inventent des réponses innovantes. De nouvelles alliances émergent pour co-construire des solutions spécifiques à la réalité du territoire sur lequel ils agissent. Ces démarches souvent informelles sont créatrices d’une réelle valeur ajoutée dont il est encore difficile de qualifier les effets. Les Fondations jouent depuis une décennie un rôle important dans cette dynamique. La mission ministérielle sur l’accélération des alliances d’intérêt général en a souligné l’importance. Où en sommes-nous en France ? Quelles sont les tendances et les pratiques innovantes ? Quels sont les besoins de Fondations pour aller plus loin ? Telles sont les questions que propose d’instruire le programme « Fondations & Territoires ».

Après 3 mois de cheminement collectif, les enseignements sont riches. Ils se traduisent notamment par trois travaux d’étude qui sont publiés aujourd’hui :

Pour aller plus loin, le « Jeudi de l’ODD 17 » d’aujourd’hui est consacré aux liens entre fondations et associations pour jouer collectif, notamment en inventant ensemble des modèles socio-économiques d’intérêt général. Ne le manquez pas !

* A propos de la Fondation des Territoires

La démarche de préfiguration de la Fondation des Territoires a été initiée le 12 juillet 2018, après consultation du Cabinet du Président de la République, et sous l’impulsion du puis de la Ministre de la Cohésion des Territoires.

La Fondation des Territoires est un espace de dialogue entre acteurs publics et privés, à l’écoute des dynamiques de co-construction locale. Véritable lieu d’apprentissage du « faire alliance », elle soutient les initiatives innovantes qui nous apprennent collectivement à inventer le « comment faire alliance d’intérêt général ».

[1] Voir « Bien commun : Vers la fin des arrogances ! » (JURIS Associations, décembre 2016)
[2] Voir « Analyse de la contribution des Caisses d’épargne à l’intérêt général sur 200 ans », réalisée à l’occasion de leur bicentenaire en 2018 (Le RAMEAU, mars 2018)