Vous êtes plutôt racines ou plutôt fruits ? Certains préfèrent en effet constater les résultats d’une action, et d’autre en contempler le chemin, de la graine aux fruits. Il n’y a pas de « modèle de pensée », mais bien des façons différentes d’appréhender les réalités nouvelles pour se les approprier. L’apprentissage n’est ni uniforme, ni universel, et la diversité des approches permet d’élargir la capacité de partager les « preuves de concept » et les méthodes nouvelles pour agir.
Dans leur appréhension d’une réalité émergente, certains privilégient être éclairés par les résultats d’une action, voire par leurs impacts pour en mesurer la pertinence. Tel Saint-Thomas, « ils ne croient que ce qu’ils voient » et ont besoin de concret. Ils sont sensibles à « la preuve par l’exemple ». En science, ce sont ceux qui ont besoin de voir le « principe actif » déjà dans l’éprouvette pour croire aux effets d’un traitement médical. Même s’il faut encore attendre son « AMM » (NDLR = Autorisation de Mise sur le Marché), ils ont besoin de premiers exemples pour passer à l’action. Ces profils sont plutôt « tacticiens ».
Certains au contraire, sont attirés par les racines des choses. C’est dans leur genèse qu’ils projettent les résultats potentiels. Ils aiment à imaginer les effets de tel ou tel choix sur les résultats possibles, et ajustent le chemin en permanence dans des démarches apparentes. A la différence des premiers, plus pragmatiques et techniciens, ils sont bâtisseurs et stratèges.
Articuler trois profils complémentaires pour « passer à l’action »
Peu importe de la « poule et l’œuf » qui en est à l’origine, un mouvement éclairé a besoin de ces 2 profils, les seconds sont plutôt les « défricheurs » et les premiers les « développeurs ». C’est dans leurs différences … et leurs complémentarités qu’il est possible d’inventer collectivement des solutions qu’aucun de ces 2 profils ne peut inventer seul. C’est l’alliance entre ces 2 profils qui permet de convaincre une 3ème catégorie nécessaire au déploiement des innovations sociétales : les « décideurs » ; ceux qui sont à la manœuvre de notre destin collectif.
C’est l’alchimie entre ces trois profils : les « défricheurs » (les stratèges), les « développeurs » (les tacticiens) et les « décideurs » (les politiques) qui permet de passer de « la preuve de concept » d’une innovation sociétale à son déploiement. Il convient dès lors de créer l’alliage nécessaire à la co-construction du bien commun, voire au renforcement du Lien commun.
Les résultats de l’étude IMPACT-Elus locaux montrent que 92% des maires veulent « jouer collectif » non seulement pour accélérer la sortie de crise sur leur territoire, mais aussi plus structurellement pour répondre à l’ampleur des transformations actuelles sur les plans économiques, sociaux, environnementaux et sociétaux. Ils (re)connaissent la valeur des alliances au service de l’intérêt général pour sortir des « Y a qu’à » / « Faut qu’on » et pour modestement expérimenter de nouvelles solutions qui articulent les compétences et les positionnements de chacun. 64% des maires, toute taille de commune confondue, souhaitent même mettre le « jouer collectif » au cœur de leur mandat.
Alors, je répète ma question : êtes-vous plutôt racines – autrement dit « défricheur » – ou plutôt fruits – autrement dit « développeur » ? À moins bien entendu que vous ne soyez « décideur », et dans ce cas, c’est « fromage et dessert » ; autrement dit technique et politique.
Deux cadeaux pour le Giving Tuesday
Quel que soit votre profil, en ce Giving Tuesday, Le RAMEAU vous invite à ne pas choisir et à regarder les 2 faces de la même pièce. L’Observatoire des partenariats d’une part, côté fruits, et la Fondation pour la Co-construction du bien commun d’autre part, côté racines, vous font un cadeau en ce 1er décembre.
Côté fruits, rappelons que l’Observatoire des partenariats a été créé en 2008, seulement 18 mois après la création du RAMEAU. Son objectif est de disposer d’études statistiques fiables sur le mouvement d’alliances stratégiques au service de l’intérêt général en France. Co-construit avec la Caisse des Dépôts, le MEDEF et Le Mouvement associatif (NDLR – CPCA à l’époque), cet outil de veille et d’études partagé incarnait la nécessité de croiser les regards pour comprendre la dynamique en émergence. Après les études de cadrage par profils d’acteurs dès 2008, puis des études sectorielles dès 2010, ce sont des rapports par territoires qui ont été établis dès 2015.
Le 23 octobre 2019, une nouvelle étape est franchie avec la création de la base de données IMPACT-Pratiques partenariales innovantes pour capitaliser et donner à voir la diversité des modèles d’alliances et de partenariats. En ce Giving Tuesday 2020, l’Observatoire des partenariats vous offre la 500ième étude de cas. Il s’agit de l’expérimentation de co-construction territoriale sur Clermont-Ferrand, lancée le 10 mars dernier par la Fondation RTE, la Chaire InterActions d’AgroParisTech et Le RAMEAU. Cette recherche-action sur la diversité et la complémentarité des modes de « catalyse territoriale » (voir le site dédié à ce nouveau métier en territoire) permet d’étudier les moyens les plus efficaces de mobiliser les TPE et PME d’un territoire pour « jouer collectif ». Comment répondre aux envies de 84% des entreprises ? L’étude menée avec le CJD cet été pour comprendre les moteurs des entreprises engagées nous en donne des clés de lecture que nous pourrons expérimenter sur le terrain.
Côté racines, rappelons que la Fondation pour la co-construction du bien commun a été créée en décembre 2016 à l’occasion des 10 ans du RAMEAU. Elle est une première réponse au livre collectif « Bien commun : vers la fin des arrogances ! » qui retrace une décennie de découverte sur les enjeux et les pratiques du « jouer collectif » au service de l’intérêt général en France. La création de cette nouvelle Fondation permettait de se projeter dans l’avenir avec un double objectif. Le premier est de « prendre soin de ceux qui prennent soin » en leur offrant un lieu d’échanges entre « pairs pionniers », espace de confiance et d’écoute sur leurs propres besoins. Le second est de valoriser l’alchimie qui réunit les 3 conditions de la co-construction : des Artisans du bien commun » au service de « Projets Cèdre du Liban » construits sur la durée au sein de « Territoires de confiance » qui savent féconder les alliances d’intérêt général.
Les promotions 2018 et 2020 de la Fondation incarnent cette dynamique à l’œuvre, discrète mais déjà transformatrice de notre « Faire société ». Le livre « l’Alchimie du bien commun » illustré de 13 « exemples inspirants » nous rappelle que le temps peut être notre allié et non pas notre ennemi. Pour cela, il convient de savoir prendre le recul suffisant pour comprendre notre chemin collectif dans la durée, de relire notre destin commun, de le relier à notre actualité, et surtout de nous projeter vers un avenir commun où le « pari de la confiance » est fondé sur une Espérance « raisonnée ». La Fondation pour la Co-construction du bien commun voulait, elle-aussi, marquer ce Giving Tuesday par un cadeau : les Actes de la journée de (Re)connaissance de la co-construction du bien commun du 1er octobre dernier à l’Assemblée Nationale (à télécharger). Cet événement 100% numérique était cette année dédié à « l’ODD 17 en pratique » avec pour question centrale : comment valoriser les personnes engagées, les projets d’intérêt général à fort impact pour l’avenir et les territoires résilients qui ont su faire de leurs défis communs une source de mobilisation pour un avenir commun ? Outre la Cérémonie de (Re)Connaissance, 3 Ateliers ont permis d’instruire cette question, et une conférence a permis de la mettre en débat.
Le RAMEAU, quant à lui, n’a pas de cadeau à faire aujourd’hui. C’est lui qui en reçoit deux en voyant concrètement, 12 ans après la création de l’Observatoire des partenariats, et 4 ans après celle de la Fondation pour la Co-construction du bien commun, les effets concrets du « pari de la confiance » sur les impacts du « jouer collectif ». Ces deux dispositifs, fruits d’un travail de co-construction entre acteurs riches de leurs différences, éclairent l’un et l’autre sur les conditions d’un « faire société » plus serein et harmonieux. L’un le fait en valorisant les fruits, l’autre en éclairant les racines.
Que vous soyez plutôt fruits ou plutôt racines, régalez-vous de ces bonnes nouvelles pour vous donner du courage dans cette période difficile pour tous. Ces bonnes nouvelles sont à consommer… sans modération. Qu’elles contribuent à prendre bien soin de vous, de vos proches, des autres, … et du monde !
Belle fête du Giving Tuesday…
Pour aller plus loin :
- Découvrez le 500ème cas pratique de la base de données IMPACT-Pratiques partenariales innovantes: l’expérimentation de co-construction à Clermont-Ferrand,
- Prenez le temps de lire les Actes de la journée de (Re)connaissance de la co-construction du bien commun sur la valorisation de l’ODD 17 en pratique.