Depuis 7 ans, Le RAMEAU travaillait sur une méthode pour éclairer les décideurs publics et privés dans la conduite du changement de trajectoires de transformation de plus en plus difficiles. Comment piloter la complexité ? Notre laboratoire de recherche empirique est heureux de vous annoncer que la démarche « Impact(s) & Trajectoire(s) » a été lancée en avant-première ce 17 septembre au Forum Mondial Convergences.
Face à l’ampleur des transitions, comment ne pas tomber dans le travers du « Y-a-qu’à » / « Faut-qu’on » trop souvent au cœur de nos débats ? Comment (ré)concilier les « pionniers » déjà en avance sur les solutions avec ceux qui n’ont pas eu la chance de percevoir les « signaux faibles » ? Comment tenir compte des fragilités de chacun pour ne pas imposer un modèle unique à tous ? Comment enfin ne pas être donneur de leçon, mais éclaireur de nouvelles trajectoires qu’il reste encore à inventer pour assurer la cohérence des actions, la cohésion des acteurs et la pérennité des ressources mobilisées ? … Autant de questions simples à poser, mais pour lesquelles Le RAMEAU a mis 7 ans pour proposer une méthode simple et efficace, adaptée aux besoins des décideurs publics et privés. Vous comprendrez pourquoi cet « accouchement » n’a pas été sans douleur, avec des flux et reflux structurants pour co-construire une méthode solide et fiable. Ainsi le laboratoire de recherche était fier hier de présenter le fruit d’un septennat de travaux au plus près des réalités de terrain.
Un peu d’histoire pour commencer…
Une décennie après le « diagnostic stratégique de développement » pour les acteurs d’intérêt général, la démarche « Impact(s) et Trajectoire(s) » est une méthode d’aide à la décision à destination des décideurs publics et privés afin de piloter des trajectoires de changement durables et inclusives, au plus près du « 1er kilomètre des besoins ». Comme pour la précédente en 2014, cette méthode est issue de 7 ans d’expérimentations de terrain auprès d’une diversité de profils d’acteurs. Son enjeu majeur est d’assurer une territorialisation des transitions à la hauteur de nos défis communs.
Ses racines remontent au 12 janvier 2018 lorsqu’au Conseil économique, social et environnemental, plus de 300 décideurs se rassemblent pour une journée de travail sur le thème « Intérêt général : dès aujourd’hui l’affaire de tous ? ». A la fin de la journée, Sylvain WASERMAN, alors Vice-président de l’Assemblée Nationale, conclue la journée avec un encouragement à inventer les méthodes adaptées à la qualité des échanges de la journée, ainsi que sur une appropriation concrète de l’Agenda 2030 des Objectifs de Développement Durable pour développer ensemble la performance, l’innovation et la confiance (voir les Actes du colloque). La graine était plantée…
L’étude d’impact du « faire alliance » en France est alors lancée par l’Observatoire des partenariats, en copilotage avec l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts, pour qualifier, mesurer et illustrer les effets des nouvelles alliances autour d’un programme ambitieux de 21 études statistiques, 1.200 exemples recensés pour illustrer la diversité des pratiques, ainsi que 7 débats nationaux et 50 dialogues territoriaux afin d’étayer et de valoriser la pluralité des solutions déjà existantes au plus près du « 1er kilomètre des besoins » (voir résultats).
Reçu le 12 juillet 2018 à l’Elysée par le Cabinet du Président de la République, Le RAMEAU prend trois engagements pour accompagner le mouvement de co-construction du bien commun qui s’est alors intensifié en France, incarnant sans le conscientiser le 17ème Objectif de Développement Durable (l’ODD 17) en pratiques. Le premier engagement était technique : créer avec les « catalyseurs territoriaux » qui animent les coopérations territoriales entre Collectivités territoriales, entreprises et associations au quotidien une plateforme simple pour accéder à une capitalisation partagée des pratiques d’ingénieries locales innovantes (voir plateforme « L’innovation territoriale en Actions »). Le deuxième engagement était stratégique : faire (re)connaitre la valeur de ces nouvelles alliances d’intérêt général en instruisant l’utilité d’un cadre juridique dans lequel elles pourraient s’inscrire (voir proposition de loi d’expérimentation d’un droit d’alliance d’intérêt général). Le troisième engagement était politique : prendre le temps de co-construire une Fondation des Territoires, lieu d’échanges et de débats sur la diversité des Territoires et notre capacité collective à soutenir des Projets de Territoire en partant du « 1er kilomètre de leurs besoins » (voir webinaire du 19 septembre « Cap vers l’ODD 17, l’ingénierie locale à la manœuvre ! »). Dès le lendemain, de ce rendez-vous, les Cabinets des Ministres de l’Education Nationale, en charge alors de la Vie Associative, et de la Cohésion des Territoires se sont mobilisées pour cadrer ce qui fut d’une part une mission ministérielle sur l’accélération des alliances stratégiques (2019-2022), et d’autre part la préfiguration de la Fondation des Territoire qui a vu le jour le 12 juin 2022 forte du bilan des 21 mesures de la « feuille de route » ministérielle du faire alliance.
Durant tout ce cheminement, c’est plus d’une centaine de réseaux – publics et privés, nationaux, régionaux et territoriaux, experts, praticiens et académiques – qui se sont mobilisés pour rendre possible les résultats aujourd’hui acquis qui forment un socle de référence. L’étude d’impact 2018-2022 en a (dé)montré l’importance, ainsi que l’urgence de faire sortir de « sous les radars » des solutions qui existent déjà mais sont encore trop souvent invisibilisés par nos modes de pilotage trop gestionnaires, et pas assez stratégiques. Le récent Avis du CESE sur le financement des associations le décrit parfaitement (voir article « Modèles socio-économiques : tous convaincus ! »). Créé en 2020 pour tester de nouveaux modes de financement et d’investissement dans l’innovation partenariale, Le Fonds ODD 17 peut témoigner de la valeur d’un « investissement d’intérêt général » dans l’ingénierie locale de proximité. Une quadruple évaluation a été réalisée en 2023 après avoir financé et accompagné plus d’une cinquantaine de projets locaux mobilisant à ce jour 4,5 M€ sur l’ingénierie que personne ne finance (encore) à ce jour.
Depuis le colloque de janvier 2018, Le RAMEAU a ainsi écouté, expérimenté, analysé la diversité des difficultés que les décideurs publics et privés peuvent rencontrer. L’étude du politologue Stéphane ROZES en septembre 2021 avait alors (dé)montré que si les élites ne mettez pas en place des stratégies partenariales, c’était moins parce que les décideurs n’avaient pas conscience des besoins que parce qu’ils n’avaient pas les méthodes et outils adaptés à une conduite de changement complexe. En cela, cette étude confirmait ce que les élus locaux avaient eux aussi souligné dans l’étude IMPACT – Elus locaux de 2020 : si 92% en voyaient les enjeux, et 64% souhaitaient l’inclure dans leur mandat local, ils étaient 48% à reconnaitre que cela émergeait à peine sur leur Territoire, et qu’ils ne savaient pas encore comment mettre en œuvre une véritable co-construction des politiques publiques. Ce qui est déjà difficile à l’échelle d’un Territoire, l’est plus encore à l’échelle d’une Nation…
Quel est l’objectif de la nouvelle démarche « Impact(s) & Trajectoire(s) » ?
C’est donc pour éclairer les décideurs que la nouvelle démarche capitalise tous les enseignements et les méthodes éprouvées depuis 7 ans pour développer les alliances innovantes d’intérêt général. Le RAMEAU a le plaisir de vous faire découvrir la démarche « Impact(s) & Trajectoire(s) » à partir du lien suivant : Le cheminement “Impacts et Trajectoires” – Le RAMEAU. Lancée hier au Forum Mondial Convergences lors d’un Atelier dédié, elle sera en test jusqu’à la fin d’année avant de donner lieu à sa version définitive. N’hésitez pas à nous faire vos retours après l’avoir testée !
Un détail… qui n’en est pas un ! Si Le RAMEAU a pu mettre en partage l’ensemble de ses travaux depuis 2014, c’est grâce au soutien discret mais précieux de la Fondation Bettencourt Schuller. 10 ans après avoir fait un investissement « massif » de 1,5 M€ pour donner les moyens au laboratoire de recherche de capitaliser ses travaux à la hauteur des besoins pour les rendre accessibles, la Fondation a encore été là en 2024 pour donner la « dernière touche » qui manquait pour aller jusqu’au bout de la démarche. Qui doutera encore après que dans toute démarche d’alliance d’intérêt général, c’est dans le temps long que la confiance se crée et se mesure ? Un immense merci à toute l’équipe de la Fondation pour son exigence, sa bienveillance et sa confiance.
Et après…
Cette méthode constitue le premier volet d’un triptyque méthodologique afin de répondre aux différents besoins captés et analysés depuis 7 ans. Au-delà de pouvoir « décider sereinement et se projeter durablement » qui fait l’objet de ce premier pilier méthodologique, deux autres défis – tout aussi stratégiques – se posent : « Comment se situer objectivement dans son écosystème ? » et « Comment piloter ses objectifs stratégiques ? ». Vous pourrez ainsi découvrir deux autres démarches dans les prochains mois pour répondre respectivement à chacune de ces questions : la méthode PHARE le 3 octobre prochain à l’occasion de la publication de la prochaine étude systémique de l’Observatoire des partenariats, et la méthode MEDOC le 17 novembre prochain à l’occasion de la mise en ligne de la prochaine plateforme « Piloter l’innovation sociétale : apprendre à valoriser les pratiques émergentes et à développer les compétences associées ». Affaire à suivre…