Lorsque « leaders » rime avec « catalyseurs » !

Quoi de mieux que l’interstice entre une rencontre de Collectivités Territoriales engagées et une cérémonie officielle qui honore l’engagement citoyen pour évoquer la contribution des leaders d’opinion au « jouer collectif » ! l’enjeu est de taille : comment faire rimer « leaders » avec « catalyseurs » ?

La première « pierre » de notre raisonnement est la place structurante des Territoires. La 12ème Rencontre Cités Unies France, avait pour thème cette année « de l’action locale à l’action internationale ». Le RAMEAU a été invité à y intervenir aux côtés du Comité 21 et de Convergences pour présenter la note de décryptage de l’ODD 17 qui sera publiée la semaine prochaine. Après l’introduction de François REBSAMEN, Président de Cités Unies France, et le retour d’expérience de Valérie DUMONTET, Présidente du Groupe ODD de cette association d’élus, l’Ambassadeur déléguée à l’Action Extérieure des Collectivités Territoriales a livré son analyse de l’importance de la coopération. L’union de tous les acteurs renverse les paradigmes car elle exige d’être à l’écoute des besoins et à accepter une diversité de solutions. Cette condition de réalisation de tout partenariat, gage de leur pérennité, n’est pas une évidence… loin de là ! Faire la pédagogie du « faire alliance » est donc bien une urgente nécessité. C’est à partir de l’action concrète des territoires qu’il est le plus facile de l’illustrer, de le (dé)montrer et d’en mesurer la valeur réelle. Cette première « pierre » de mobilisation des « leaders » territoriaux est donc une condition sine qua non… mais elle n’est pas suffisante.

La seconde « pierre » est le rôle des « leaders » nationaux. L’invitation du Premier Ministre à fêter le 120ème anniversaire de la Loi 1901 relative au contrat d’association en est une bonne illustration. Savoir relire notre histoire et la relier à nos enjeux actuels (sont invitées 120 associations mobilisées dans la gestion de la crise) est un moyen de ré-inventer des solutions cohérentes pour les soutenir, telles que la Loi Waserman tout juste votée. L’impulsion des leaders est indispensable pour donner l’élan. Comment les aider à valoriser ce qui est resté si longtemps sous les radars ? Comme l’indiquait récemment un Préfet, « les alliances ont été l’impensé des politiques publiques durant 30 ans ». Comment aujourd’hui les faire (re)connaître, non par la revendication d’un statut, mais par l’expérience d’un vécu ? Existe-t-il un « Récit » national possible pour faire valoir la diversité des dynamiques qui aujourd’hui répondent à nos défis collectifs, non pas au travers d’une unité formelle, mais au contraire dans une forme de mosaïque dont la variété même est constitutif de la valeur commune. Nous sommes là au cœur de la notion d’intérêt général telle que la France a su la faire évoluer depuis 1.500 ans. De nos jours, quelle est donc cette « économie de l’alliance », à la fois frugale et créatrice de valeur, qui se vit… mais est très difficile à dire ? Quel est cet ODD 17 en pratiques, inscrit dans les Objectifs de Développement Durable grâce aux pays du Sud qui ont rappelé en 2015 que sans changement de méthode, aucune transformation ne serait possible à horizon 2030. Si ce sont les pays les plus fragiles qui se sont battus pour faire valoir la force des coopérations dans une forme d’accord « mou » des pays du Nord, ce n’est sans doute pas un hasard : il faut avoir besoin de l’alliance pour savoir en faire la promotion. Aujourd’hui, face aux défis de sortie de crise, mais plus encore de Transformation systémique que nous vivons, force est de constater que plus que jamais nous en avons besoin… mais qui est prêt à le (re)connaitre ? qui est prêt à faire le « pas de côté » qu’exige toute alliance ? qui est prêt à se décentrer pour accepter le « pari de la confiance » ? et plus encore, qui est prêt à prendre le temps que nécessite toute alliance pour se construire ?

Nous n’avons plus de temps durons certains. Or, c’est justement la raison pour laquelle nous devons le prendre….

C’est bien dans l’articulation de ces deux « pierres » que l’édifice commun peut tenir… ou plutôt se mettre en dynamique. Tel le risque du pied droit lorsqu’il compte sur le gauche pour le sécuriser lorsqu’il s’élance en avant, nous devons accepter le risque d’un changement dont nous ne maitrisons pas toutes les dimensions, mais dont les démarches apprenantes de co-construction peuvent nous ouvrir le chemin. La légitimité des « leaders » territoriaux et nationaux se répond réciproquement dans l’équilibre qui se construit dans l’acceptation d’un déséquilibre permanent où le « juste » barycentre se construit en chemin. C’est un changement de paradigme profond et une adhésion au « pari de la confiance », mais Jean JAURES n’a-t-il pas dit « Dirigent ceux qui risquent ce que les dirigés ne veulent pas risquer ». Il n’est pas facile d’être « leader » aujourd’hui. Plus que jamais, nous devons donc être à l’écoute de ceux qui nous invitent à un Avenir commun. Quel est-il ? Nul ne le sait, et c’est pourquoi il faut le construire ensemble. C’est bien un Projet de (Re)Naissance qu’il nous faut face à une transformation de l’humanité tout entière dont l’ampleur comparable ramène à la dernière Renaissance.

Les « leaders » de demain seront moins des « aigles surplombants » que des « chevaux de trait » pour tirer une charge qu’ils savent trop lourde pour eux, mais dont ils ont l’intuition qu’ils trouveront en chemin d’autres chevaux pour les aider à avancer et tirer ensemble la dynamique vers un horizon commun. « L’enfer c’est d’avoir perdu l’espoir ». C’est donc la confiance qui est la priorité. Cessons donc de faire croire à la simplicité des choses. Le monde est de plus en plus complexe ; il ne s’agit donc pas de vouloir le simplifier, mais d’apprendre à en piloter la complexité. C’est en cela que les alliances sont des alliées essentielles pour réussir ensemble ce qu’aucun ne peut faire seul.

Comme faire vivre le « faire alliance » aux leaders pour qu’ils touchent du doigt la valeur des « catalyseurs » qui leur permettent des rencontres inédites, d’autant plus créatrices de valeur qu’elles sont improbables ? Ce ne sont plus les exemples qui manquent, c’est donc autre chose qu’il nous faut (re)découvrir !

Là encore, le séminaire stratégique « Co-construisons 2022 » du RAMEAU a souligné cette semaine l’importance d’être à l’écoute des attentes, des besoins et des contraintes de nos leaders d’opinion. Sans les entendre, comment les aider à « passer à l’Action » ? L’étude réalisée par l’essayiste et politologue Stéphane ROZES est en ce sens très éclairante. Elle sera rendue publique le 12 juillet prochain à l’occasion de la 7ème Rencontre des pionniers des alliances en Territoire. Encore un peu de patience…

… mais d’ici-là découvrez dès demain les questions que pose la capacité à accompagner le « faire alliance » !