Des communautés d’actions à la manœuvre !

19éme JOUR – ACTEURS – LES COMMUNAUTES DE PAIRS

 Pour adresser des réponses adaptées à la hauteur des défis de transformation actuels, incarnés par les ODD, les organisations sont conduites à hybrider leurs modèles socio-économiques. Si chacune est amenée à inventer de nouvelles relations avec son écosystème, il est particulièrement utile de confronter son regard à ceux de ses pairs. Illustration avec des communautés engagées dans l’hybridation de leurs modèles socio-économiques.

L’émergence de nouveaux dialogues commence par la capacité à créer des lieux d’échanges entre pairs pour partager les fruits des démarches pionnières. S’ouvrir aux autres débute en effet par une introspection sur son propre positionnement et sa contribution à l’écosystème collectif. Les dynamiques à l’œuvre illustrent parfaitement ce mouvement.

Pour les investisseurs sociétaux publics et privés, les mutations sont nombreuses. L’hybridation des modèles socio-économiques est au cœur des échanges entre « pairs » qu’il s’agisse des formes d’accompagnement, des modes d’investissement, des capacités d’articulations avec les territoires ou des nouveaux modes d’évaluation et de valorisation.  Pour mutualiser les expériences, le Cercle des « investisseurs sociétaux », initié par la Caisse des Dépôts en partenariat avec Le RAMEAU, éclaire sur les nouvelles pratiques. Au-delà de l’interconnaissance et de l’émergence de nouveaux dialogues avec les accompagnateurs et les territoires, ce sont des solutions novatrices telles que le fonds d’ingénierie pour le changement d’échelle de l’innovation sociétale qui naissent des démarches de co-construction entre « pairs pionniers ».

Du côté des acteurs académiques, de nombreuses initiatives émergent pour valoriser le rôle des nouvelles alliances, troisième levier des modèles socio-économiques. Des exemples ? Le CRESO – CEntre de Recherche sur l’Entreprenariat SOcial- de l’UCLY (Université Catholique de Lyon) publie bientôt les Actes de son Colloque PART’Innov sur les impacts managériaux, AgroParisTech lance une chaire sur les nouveaux métiers de la co-construction territoriale, et le Catalyseur de l’université Paul Sabatier à Toulouse structure une réponse sur le rôle des acteurs académiques en matière de nouvelles alliances locales.

Au plus haut niveau de l’Etat, ce mouvement est lui aussi pris en compte. Citons en particulier la démarche de co-construction avec les acteurs de l’Insertion par l’Activité Economique (IAE), qui ont joué un rôle pionnier dans l’hybridation des modèles socio-économiques.  Le Président de la République Emmanuel Macron, et Muriel Pénicaud, Ministre du Travail, ont présenté le 10 septembre, à Bonneuil-sur-Marne, le “pacte d’ambition pour l’insertion par l’activité économique”. Ce dernier a été élaboré par le Conseil pour l’inclusion dans l’emploi, et a mobilisé experts, personnalités qualifiées dans le domaine de l’insertion, de l’emploi et de la formation, représentant les structures d’IAE, acteurs publics et entreprises. Pour Thibault Guilluy, son président, “si l’on veut redonner à chacun de nos concitoyens la possibilité de retrouver autonomie et dignité par le travail, il est alors temps de ‘passer à l’échelle'”, en innovant et en libérant le potentiel de création d’emplois des entreprises sociales inclusives, avec pour ambition le passage de 140.000 à 240.000 personnes d’ici à 2022. Pour y parvenir, le pacte préconise un ensemble de mesures autour de 5 engagements, dont le 4ème porte sur l’ancrage territorial de l’IAE et le 5ème souligne le besoin de co-construire en confiance.

L’ancrage territorial et la confiance entre des acteurs différents sont inhérentes aux démarches d’engagement des grandes entreprises, comme de celles des PME, qui co-construisent territorialement des réponses concrètes aux besoins locaux, et dont les solutions reposent sur des modèles hybrides.

Les exemples sont de plus en plus nombreux. Citons le Groupe La Poste qui a lancé dès 2014 l’Alliance dynamique avec les acteurs de l’ESS. Rassemblant plus de 50 réseaux partenaires nationaux fin 2017, cette démarche est née de la volonté de favoriser le développement des territoires et de nouveaux services. Dans ce cadre, Le Groupe La Poste tisse des relations privilégies avec des acteurs de l’ESS et favorise la création de passerelles entre ces acteurs pour faire émerger des solutions innovantes et mettre en place de nouveaux modèles économiques. Avec l’appui de 15 correspondants régionaux et de l’équipe Alliance Dynamique, cette dynamique de coopération se poursuit au plus près des 3 axes d’engagement sociétal du Groupe La Poste : la Cohésion sociale et territoriale, les transitions écologiques et la transition numérique.

Les PME sont – elles aussi – à la manœuvre.  Les voyages d’étude du Cercle RSE & Partenariats en illustrent chaque année des exemples inspirants. Le dernier réalisé en juillet dernier à Montargis, à l’initiative du groupe A-BELL 426, a porté sur « les nouveaux modèles économiques ». Il a souligné comment certaines entreprises transforment leur propre modèle pour devenir des moteurs de la transformation sociétale. Economie de la fonctionnalité, économie de la coopération, économie circulaire, circuits courts… sont autant d’angles nouveaux et complémentaires pour (re)inventer les modèles économiques pertinents et cohérents avec les nouveaux besoins. L’hybridation au travers de nouvelles formes de coopération transforme les approches de la création de valeur.

Dans un contexte d’accroissement des besoins et de raréfaction des ressources, ces nouveaux modèles socio-économiques interrogent. Quels sont-ils ? Sont-ils concurrents ou convergents ? Comment impactent-ils les entreprises et plus largement les écosystèmes territoriaux ? Quelle est la place des nouvelles alliances dans cette dynamique ?… Ce sont aussi des questions que se posent les Fondations. Dans un contexte où les mutations de l’intérêt général[1] sont profondes, leur place devient de plus en plus stratégique. Au sein du Cercle Fondations d’avenir, les pratiques des pionnières sont partagées afin que chacun puisse s’inspirer du cheminement des autres.

Si les communautés de pairs ouvrent des perspectives passionnantes pour explorer l’hybridation des modèles socio-économiques, elles sont menées en lien étroit avec les acteurs de leur territoire. C’est là que les catalyseurs territoriaux, qui facilitent le rapprochement entre organisations différentes, jouent ainsi un rôle de plus en plus structurant. Ce nouveau métier vient au service de la capacité à inventer ensemble les solutions cohérentes avec les besoins de tous et les positionnements de chacun.

A demain, 20ème jour du cycle “21 jours pour convaincre” pour découvrir les spécificités du métier de catalyseur territorial.

Pour aller plus loin :

Pour en savoir plus sur “21 jours pour convaincre”, téléchargez le programme.

[1] Dossier « Intérêt général : un dossier en mutation ! » (JURIS Associations, mars 2019)