Fragilités sociales : évitons la triple peine !

Ce mardi 11 février est triplement symbolique pour aborder un nouveau défi en Commun(s) – Fragilités sociales : du manque de biens au manque de Liens. Faisons-en le Récit…

Dans le cadre du programme « Numérique & Territoires », Le RAMEAU et l’Observatoire des partenariats se sont coordonnés pour valoriser chaque mois une fiche Repère d’un domaine d’actions illustrant l’urgence d’agir ensemble sur « Nos défis en Commun(s) ». Après « Education : apprendre à faire société » en janvier, ils invitent en février à se mobiliser sur les Fragilités sociales : du manque de biens au manque de liens.

Comme le rappelle l’article CAREnews « Numérique : l’allié de l’innovation territoriale ! », il était triplement symbolique de faire ce Récit partagé en ce 11 février. L’objectif est de retracer 15 ans de cheminement de recherche empirique pour décrypter les conditions d’une meilleure prise en compte de la diversité des fragilités comme moteur de la conduite de changement des transitions. Ce Récit est en résonnance avec :

• La clôture de la Semaine pour l’Action sur l’Intelligence Artificielle (IA) pour laquelle, depuis le 6 février, les experts du monde entier sont réunis à Paris autour de l’objectif de renforcer l’action internationale en faveur d’une intelligence artificielle au service de l’intérêt général.
• Le lancement du parcours expérientiel « Innover en Territoire » pour mieux articuler l’accompagnement numérique et l’accompagnement de proximité, et en accélérer la réalité ancrée et incarnée grâce à la capitalisation et aux connaissances partagées.
• L’hommage à rendre au 20^ème anniversaire de la Loi sur le Handicap, rappelant la valeur des preuves et de l’épreuve du temps pour innover et piloter les transitions.

Profitons de cette triple actualité pour relire notre histoire, pour la relier à nos défis actuels, et pour identifier ce que nous pouvons ré-inventer ensemble. La méthode des 3 R – Relire, Relier et Ré-inventer – est au cœur du cheminement de recherche empirique que vit Le RAMEAU depuis presque 20 ans. S’il y a bien un domaine d’actions où cette démarche apprenante a du sens, c’est incontestablement celui des fragilités sociales. Dès 2010, l’évidence d’une « triple peine » est identifiée comme un « signal faible », et structure le programme « Agir ensemble en Territoire » que lance le laboratoire de recherche empirique avec trois territoires pilotes.

Fragilités sociales : pourquoi ? Pour quoi ?

C’est en 2010 que la première étude auprès des Collectivités territoriales est menée par l’Observatoire des partenariats. Après avoir entendu[1] les citoyens (2008), les associations (2009), les grandes entreprises (2009), les PME (2010) et les Syndicats (2010), le regard des élus locaux est inspirant. Il invite à observer une 3^ème fragilité : celle des Territoires.

2010 est marquée par les avancées du Grenelle de l’Insertion. Un dialogue constructif s’est alors établi entre les entreprises, les partenaires sociaux et les structures d’insertion par l’activité économique (SIAE). Ce dialogue a notamment incité à se questionner sur la « double peine » qualifiée par le rapport du BCG de 2011 à la demande de l’Action Tank « Entreprises & Pauvreté » créé en 2010 sous l’impulsion de Martin HIRSCH. La même année, la création du Service Civique rappelait que les fragilités des personnes sont multiples, et ne se limitent pas aux questions économiques, et le baromètre des priorités sociales, commandité par le MOUVES, en mesurait alors la réalité perçue par les Français.

Cette situation individuelle des plus fragiles laissait déjà apparaitre une autre fragilité, plus structurelle : notre capacité collective à (re)connaitre la valeur des acteurs d’intérêt général, et les spécificités de leurs modèles socio-économiques. Dès 2009, sous l’impulsion de l’AFM-Téléthon et de la Croix Rouge française, Le RAMEAU avait initié un programme de recherche empirique sur les modèles socio-économiques d’intérêt général. En 2010, deux dynamiques permettent d’accélérer ces travaux : l’étude du modèle d’Habitat & Humanisme apporte une nouvelle « pierre » à l’édifice commun, et les travaux engagés avec AG2R LA MONDIALE pour co-construire un Fonds d’innovation radicalement novateur s’inspirent des premiers résultats du Fonds de Soutien aux Associations (FSA) lancé avec la Caisse des Dépôts en 2008.

Mais, cette année-là, c’est bien le regard des élus locaux qui invite Le RAMEAU à explorer plus avant une « 3^ème peine » : la fragilité territoriale. En plus de la « double peine » des personnes en difficultés socio-économiques, et de la fragilité des modèles des actions, acteurs et alliances d’intérêt général, apparaissait alors comme une évidence le risque de sous-estimer les conditions de pérennisation de la protection sociale au plus près des réalités territoriales. C’est à ce moment-là qu’est apparue la notion de « 1^er kilomètre des besoins » à la fois des personnes, des organisations et des Territoires. Pour l’ancrer et l’incarner, Le RAMEAU lance alors la démarche apprenante « Agir ensemble en Territoire » à Strasbourg, Charenton-Saint Maurice et Poitiers, respectivement avec Alsace-Active, les communes de Charenton et de Saint-Maurice, et La Poste.

15 ans plus tard, après l’étude « Savoir se situer dans un monde en mutation », la 2^ème fiche Repère « Nos défis en Commun(s) » est donc consacrée à la fragilité sociale dans tous ses états, en croisant la mise en œuvre d’un pilotage de proximité du 1^er, 5^ème et 17^ème Objectif de Développement Durable (ODD 1, 5 et 17) avec les approches innovantes pour réduire les fragilités sociales, au plus près du « 1^er kilomètre des besoins ».

L’Observatoire des partenariats vous invite à découvrir dès maintenant la fiche Repères Fragilités sociales : du manque de biens au manque de liens.

Fragilités sociales : comment ?

En 2015, le rapport Intérêt général : nouveaux enjeux, nouvelles alliances, nouvelle gouvernance , publié trois mois après la signature de l’Agenda 2030 des Objectifs de Développement Durable (ODD), invitait à fixer un cap et un cadre communs en cohérence avec l’engagement pris auprès des 193 Nations unies. Dès lors, la démarche « intérêt général : dès aujourd’hui l’affaire de tous ? » a été lancée.

En janvier 2018, le colloque au CESE sur l’intérêt général a ainsi permis de poser les bases d’une approche partagée des enjeux de déclinaisons de l’Agenda 2030 en « feuille de route » au plus près des réalités de terrain. Cet événement a été co-organisé par 23 organisations, sous la co-présidence du Vice-président de l’Assemblée Nationale, du Président du CESE et du représentant du Gouvernement. Près de 300 personnalités y ont participé (cf. Actes du colloque). Invité quelques mois plus tard à en rendre compte au Cabinet du Président de la République, Le RAMEAU évoque alors trois priorités :

• Rendre accessible à tous les Territoires les connaissances et la capitalisation en Commun(s), c’est l’objectif de la plateforme L’innovation territoriale en Action, initiée par la Caisse des Dépôts, La Poste et Le RAMEAU,
• Instruire les conditions d’un droit d’alliance d’intérêt général (une proposition de loi d’expérimentation sera déposée à l’Assemblée Nationale en février 2021),
• Co-construire une Fondation des Territoires à l’écoute de la diversité des dynamiques territoriales (sous l’impulsion des Ministres Jacques MEZARD puis Jacqueline GOURAULT, la Fondation des Territoires sera créée sous l’égide de la Fondation de Lille en juin 2022, après 5 ans de préfiguration).

La même année 2018, le Comité 21 publie son rapport sur l’appropriation de l’Agenda 2030 par les acteurs non étatiques, la plateforme RSE rend son rapport sur la Responsabilité Territoriale des Entreprises, le MEDEF diffuse son guide pratique sur l’Engagement Territorial des Entreprises, les Caisses d’Epargne fêtent leurs 200 ans d’actions territoriales (cf. Récit des 200 ans rédigé par Le RAMEAU), la Caisse des Dépôts crée la Banque des Territoires, et le Président de la République invite les entreprises à contribuer à l’intérêt général. Incontestablement, cette année 2018 a marqué une étape structurante dans la conscientisation de l’urgence d’une approche plus territorialisée des transitions.

7 ans plus tard, ce 11 février est l’occasion de faire valoir les avancées collectives, notamment en l’illustrant avec le lancement du parcours expérientiel « Innover en Territoire ». Issu du programme 2019-2024 « Chef de projet innovation territoriale », ce parcours est aujourd’hui proposé dans le cadre de la plateforme « Piloter l’innovation sociétale : valoriser et développer vos compétences ». Avec le parcours « Hybrider son modèle socio-économique » (dont le cycle inaugural s’est achevé en janvier), et le parcours « Coopérer efficacement » (dont le cycle inaugural sera lancé en mars), ce parcours sur les spécificités de l’innovation territoriale forme un trépied indispensable pour tous les acteurs qui cherchent à valoriser leurs actions menées au plus près du « 1^er kilomètre des besoins ». Ce parcours expérientiel est organisé en partenariat avec l’ANPP – Territoires de Projet, le Campus de Clermont-Ferrand d’AgroParisTech et le Réseau des catalyseurs territoriaux. L’Atelier conclusif sera co-animé avec les cabinets EcceTerra et Terre d’avance, deux partenaires de longue date des travaux de recherche empirique sur l’innovation territoriale.

Fragilités sociales : où Agir en priorité ?

Partout… en prenant soin de s’adapter aux spécificités territoriales !

Un exemple inspirant : Le RAMEAU interviendra demain aux Mureaux pour rendre compte du Récit de ce « catalyseur territorial » depuis 2016. Compagnon de route de la première heure du PTCE Vivre les Mureaux, le laboratoire de recherche empirique rappellera les spécificités de l’année 2016 (notamment le lancement au CESE du référentiel « Co-construction territoriale » sous le Haut-patronage du Président de la République). Dès l’origine de l’initiative, Le RAMEAU a été séduit par son ambition : « Si nous savons accompagner une personne à se remettre débout en 7 mois avec l’insertion par l’activité économique, pourquoi ne serions-nous pas capables en 7 ans de faire de même avec les fragilités de notre Territoire ? ». 7 ans après, nous y sommes, et les avancées sont notables.

La « double peine » est loin d’avoir été résolue, comme en témoigne le rapport 2023 de l’Action Tank, et plus récemment encore le 30^ème rapport annuel de la Fondation pour le Logement des Défavorisés. Bien au contraire, la situation s’aggrave. Il est d’autant plus urgent d’être à l’écoute de ce que les Territoires font pour trouver des solutions agiles et frugales. Le PTCE Vivre Les Mureaux et la dizaine d’autres PTCE réunis demain en sont des exemples inspirants. Ils débattront ensemble de leurs pratiques innovantes, sous l’impulsion de la SCIC des PTCE Français qui favorise le partage entre « pairs ».

A leur exemple, à l’invitation de l’Observatoire des partenariats, mobilisons-nous pour réussir le défi en Commun(s) : Fragilités sociales : du manque de biens au manque de liens. Pour sa part, Le RAMEAU s’y engage, notamment au travers du programme « Réussir ensemble la territorialisation des transitions » qu’il pilote avec le Fonds ODD 17.

Comment passer à l’Action ? (re)découvrez la diversité des ressources partagées sur la plateforme « Piloter l’innovation sociétale : valoriser et développer vos compétences ». inscrivez-vous au parcours expérientiel « Innover en Territoire », et écoutez jeudi prochain à 12 heures le Live de l’ODD 17 avec Mickaël HUET, Délégué général du Mouvement associatif. Commençons par 3 actions simples pour Agir ensemble dès aujourd’h

[1] Toutes les études sont disponibles sur le site de l’Observatoire des partenariats (rubrique Acteurs)