Après le pilier de la capitalisation, suivons notre chemin à la (re)découverte des différentes facettes de la valorisation. Le second pilier est celui de l’évaluation.
Qu’est-ce que l’évaluation partenariale ? Sachons prendre du recul, ne pas nous tromper de combat, et identifier les prochaines étapes pour accélérer les dynamiques d’alliance d’intérêt général.
Prenons du recul sur l’évaluation
C’est après 7 ans de recherche empirique pour qualifier les enjeux des alliances entre acteurs riches de leurs différences que Le RAMEAU se questionne en 2012 sur les moyens d’en évaluer les résultats. Une triple occasion lui est donnée, à la fois dans le cadre du fonds d’innovation AG2R LA MONDIALE qu’il co-construit depuis 2010, avec la demande de GDF-Suez et d’Emmaüs d’évaluer leur partenariat après 6 ans de cheminement commun, et avec Le Groupe La Poste qui souhaite évaluer ses partenariats associatifs stratégiques à déclinaison territoriale. Ces trois démarches complémentaires permettront d’établir une méthode qui sera testée dans le cadre du programme « Partenaires d’avenir » conduit avec 12 entreprises aux profils et aux pratiques radicalement différents. La méthode sera publiée en 2015 juste avant la mise en débat au CESE des enjeux des partenariats sur l’innovation sociétale, et le partage des enseignements de l’expérimentation sur le modèle d’investisseur sociétal. Il faudra ensuite attendre la fin du cycle de modélisation 2013-2019 pour que soit publié le référentiel « l’évaluation partenariale en pratique ».
L’intérêt de cette évaluation partenariale est de « faire le pont » entre l’évaluation de performance – aujourd’hui incarnée par les démarches RSO (Responsabilité Sociétale des Organisations) – et l’évaluation d’impact – autrement dit de pertinence – incarnée par l’Agenda 2030 des Objectifs de Développement Durable. Ces 3 évaluations sont profondément complémentaires et méritent une attention particulière.
Ne nous trompons pas de combat !
En matière d’évaluation, il n’existe pas d’outil « couteau suisse » répondant aux besoins de tous les acteurs, dans tous les domaines, sur tous les territoires. Il serait à la fois illusoire et contreproductif de le faire croire. Le « Graal » de l’évaluation est un mythe… qui risque de mettre en risque la confiance lorsqu’il est « asséné » comme une vérité. Plus encore, il y a une profonde confusion dans les objectifs et les méthodes à utiliser, avec une réelle difficulté à faire comprendre la différence profonde entre l’audit (le contrôle d’une conformité) et l’évaluation (la démarche de progrès associée à l’analyse non seulement des résultats, mais aussi du chemin parcouru). Si l’une et l’autre des démarches ont leur légitimité et leur utilité, il ne faut pas les confondre. Il est donc important de connaître la sémantique de l’évaluation pour croiser les regards et favoriser des dialogues constructifs entre tous les acteurs de l’écosystème.
Les mots de l’évaluation
Evaluer … et après ? Croiser les regards !
Le 23 novembre 2017, le 3éme plan quinquennal de l’Observatoire des partenariats était lancé avec l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts. Objectif : mobiliser les acteurs académiques sur les enjeux, les pratiques et … l’évaluation du mouvement de co-construction du bien commun en France. Le programme d’études 2018-2022 IMPACT était alors initié pour qualifier et mesurer les effets de levier des alliances d’intérêt général sur l’innovation territoriale et sociale, la performance des organisations publiques et privées, et sur la confiance individuelle (l’engagement) et collective (la co-construction territoriale).
Après une phase exploratoire partagée avec les acteurs académiques et publiée lors du colloque européen Part’Innov en 2019 (voir rapport regards croisés chercheurs – praticiens sur l’impact des alliances innovantes), puis une déclinaison régionale des résultats pour comprendre les spécificités locales tout au long de 2020 (voir kit pratique « Connaissance des Dynamiques Régionales), une évaluation des positions par acteurs de l’écosystème a été engagée. Elle a d’abord été menée auprès des citoyens en 2019, (réévaluée en 2020) ; puis auprès des entreprises en juin puis en juillet 2020 ; auprès des élus locaux en novembre 2020 ; et, plus récemment, auprès des acteurs académiques en mars 2021.
A l’occasion de la 7éme Rencontre des pionniers des alliances en Territoire le 12 juillet prochain, les études IMPACT-Entreprises, IMPACT-Associations et IMPACT-Fondations permettront d’évaluer la manière dont les organisations privées appréhendent aujourd’hui le « jouer collectif » pour accélérer la sortie de crise et réussir l’Agenda 2030, mais aussi mesure les effets de levier qu’elles ont identifiés à partir de leurs propres pratiques. Seule l’Action est engagement, et pouvoir qualifier l’action permet de mesurer la maturité réelle de la co-construction en France. Les résultats sont donc attendus avec impatience…
D’ici-là, n’hésitez pas à consulter la base de connaissance IMPACT-Pratiques partenariales innovantes qui référence plus de 500 études de cas. Ces dernières font « la preuve par l’exemple » de la valeur des alliances au service du bien commun.