C. comme Compétences

Le « carnet de recherche » de la semaine s’achève sur les Compétences. C’est une question clé : comment passer de la connaissance à la compétence ? Il ne suffit pas de savoir pour savoir faire ! Petit tour de quelques enseignements issus de 15 ans d’expérimentations empiriques.

La question des compétences peut se poser à 3 niveaux : comment monter soi-même en compétences ? Comment être accompagné à la hauteur de ses besoins avec les compétences ad hoc ? Comment s’approprier les fruits de la recherche qui peuvent m’aider à dépasser les « plafonds de verre » et inventer de nouveaux modèles ?

Commencer par se questionner

La première étape de la montée en compétences consiste à être curieux et à se questionner. Les outils pour s’informer, se former et agir efficacement ne manquent pas. Lesquels utiliser, comment se saisir de ceux qui correspondent à ses objectifs, à ses moyens… et à ses envies ? C’est là où la clarté sur ses besoins est essentielle. Il n’existe pas de « couteau suisse » (… même si beaucoup le prétendent !), et le choix des bons leviers d’accès à la compétence requise est une étape en soi. Il convient d’en prendre le temps, et d’adopter une posture de « test and learn » pour savoir progressivement qualifier le « juste » niveau de compétences nécessaires.

Il est parfois (… et même souvent !) pertinent de se faire accompagner pour monter en compétences, mais aussi pouvoir s’appuyer sur des expertises complémentaires qu’il n’est pas nécessaire d’acquérir personnellement.

Être accompagné  

Consultants, formateurs, experts, auditeurs, animateurs, designers, coachs, facilitateurs, « catalyseurs » … les métiers de l’accompagnement ne sont pas les mêmes, et, là encore, il faut se méfier des « couteaux suisse ». Savoir se faire accompagner n’est pas toujours facile, et il est bon de pouvoir faire appel à des « tiers de confiance » pour y parvenir avec pertinence.

C’est tout le sens de la création du Fonds i (cf. blog « Fonds i, un nouvel outil de place ») pour accompagner le déploiement des projets à fort impact. Côté territoire, les 350 « catalyseurs territoriaux » peuvent être des alliés utiles pour repérer les bonnes compétences à mobiliser (cf. blog « Qu’est-ce qu’un catalyseur territorial ? »).

Quel que soit le choix, il est essentiel de valoriser l’ingénierie mobilisée. L’accompagnateur doit devenir un « compagnon » de chemin, et non un simple « prestataire de service ». Il convient de passer bien souvent d’une posture de face à face, d’un « contrat-échange », à celle d’un côte à côte, d’un « contrat-alliance ». Plus la situation est complexe et/ou innovante, et plus la mise en place d’une démarche apprenante sera essentielle pour monter en compétences… respectivement !

Depuis 2008, Le RAMEAU a développé un partenariat stratégique avec les métiers du conseil en stratégie et management au travers de leur fédération professionnelle, Syntec Conseil Conseil (cf. centre de ressources numériques « accompagnement associatif »). Valoriser l’engagement des cabinets qui se mobilisent pour explorer de nouvelles pistes de coopération, notamment avec les acteurs d’intérêt général, est un levier essentiel pour démultiplier la mobilisation des « compétences rares ».

Savoir accompagner est un Art, mais savoir se faire accompagner est un apprentissage de tous les jours pour accepter de se faire challenger. Il existe en France une certaine forme d’arrogance consistant à penser que l’on doit être suffisamment fort pour n’avoir besoin de personne, au risque de paraître faible… alors que la plupart des autres pays regardent ceux qui se font accompagner comme les plus forts. Cherchez l’erreur…

Se nourrir de la recherche et la nourrir

Un troisième niveau de compétences est l’accès à la recherche et à l’enseignement pour établir une relation féconde et fructueuse entre théorie et pratique. S’inspirer des résultats de la recherche… et inspirer la recherche dans des démarches communes de capitalisation apprenante sont aussi de bons moyens d’apprendre de son propre cheminement en l’éclairant « d’effets miroirs » permettant de se décentrer.

L’acteur académique a deux facettes, la recherche… et l’enseignement. Pour boucler la boucle, et revenir à sa propre montée en compétences personnelles, au-delà de l’auto-formation, comme nous l’avons spécifié au premier niveau, il est aussi parfois pertinent de « sauter le pas » vers de la formation. Aujourd’hui où la formation initiale ne suffit plus à éclairer son parcours professionnel pour toute sa carrière, la formation continue prend une place stratégique dans son parcours. Ce n’est plus une cerise sur le gâteau… mais c’est la cerise dans le gâteau qui lui donne du goût ! Autrement dit, dans son parcours, la place de la formation ne peut plus être anecdotique. Les formats sont variés, mais là encore – loin de l’arrogance de tout savoir – ce sont les meilleurs qui acceptent avec humilité de se former pour apprendre là où l’expérience ne suffit pas pour acquérir toutes les bases et les facettes d’une expertise que l’on souhaite maîtriser.

La multidisciplinarité va devenir une condition sine qua non de la plupart des projets d’avenir. Savoir se situer, avoir la compréhension des limites de son savoir, et l’humilité de se former pour monter en compétences là où c’est nécessaire vont devenir des « soft skills » essentiels à tous… tout autant que de savoir « jouer collectif » pour apprendre des autres ce que je n’ai pas nécessairement besoin de savoir moi-même en s’appuyant sur la complémentarité des positionnements.

Passer de la connaissance à la compétence demande du temps ! Sachons donc voir en lui un allié, et non comme trop souvent une contrainte sur laquelle on préfère sauter sans entrave… et qui devient alors notre pire ennemi. Savoir prendre le temps de consolider ses compétences, c’est s’assurer de faire les bons choix. C’est aussi savoir se donner du Sens, tant en termes de direction que de valeurs. 

Ainsi s’achève le « carnet de recherche » de la semaine. Comme annoncé dans l’article CAREnews du 19 avril « Jouer collectif : apprendre à hybrider les modèles », il a été dédié aux modalités de Gestion permettant de conduire les Transformations systémiques que nous vivons. Le RAMEAU a partagé la démarche M.E.D.O.C. qu’il a progressivement co-construite pour diffuser les fruits des dynamiques apprenantes de co-construction. Pour piloter le changement à la hauteur de nos défis collectifs, il est en effet nécessaire d’avoir :

  • des Méthodes issues des pratiques innovantes,
  • des Exemples inspirants dans lesquels se (re)connaitre,
  • des Données pour comprendre comment se situer dans son écosystème,
  • des Outils pour agir efficacement,
  • et des Compétences pour pérenniser son Projet.

Que faire après ? Savoir valoriser le fruit de son expérience. Comment ? Vous le découvrirez lundi dans un nouveau carnet de recherche hebdomadaire dédié à la « valorisation ». Bonne fin de semaine !