Le Médiateur des Entreprises Pierre PELOUZET a remis le 31 mars à la Secrétaire d’Etat Olivia GREGOIRE son rapport sur l’évolution du Label « Relations Fournisseurs & Achats Responsables ». Après 10 ans de cheminement de l’Etat pour faire émerger ce label, pourquoi est-il aussi important aujourd’hui ?
L’article CARENews « Agir ensemble : comment fixer le C.A.P. ? » avait annoncé que cette semaine serait dédiée aux modèles socio-économiques. Ces derniers constituent « l’équilibre de la maison » : ils sont au cœur de toute organisation publique et privée. Pourquoi donc est-il est utile de démarrer la semaine par un focus sur les achats responsables ?
Pour toute organisation, l’achat est le 1er geste d’engagement, à la fois le plus simple et le plus symbolique : quelle valeur l’organisation reconnaît-elles aux acteurs avec lesquels elle travaille et qui constituent une part de sa propre création de valeur ? Choisir ses fournisseurs, c’est définir les critères relationnels qui comptent pour soi et pour la valeur que l’on crée.
L’Achat est donc par nature la première marche de toute démarche de Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE). Cette dernière se définit en effet par la définition d’indicateurs de performance qui associent des données économiques, sociales, sociétales et environnementales. Elle est aussi fondée sur le mode relationnel avec ses parties prenantes. Les relations avec les fournisseurs croisent donc ces deux dimensions de la RSE. Soulignons qu’il serait plus adapté de parler de RSO – Responsabilité Sociétale des Organisations – dans la mesure où il n’y a pas que les entreprises qui se doivent d’agir en cohérence avec leur création de valeur et les besoins de leur écosystème : les acteurs publics, les associations, les fondations, les syndicats, les acteurs académiques … sont invités de la même manière à veiller à ce que leur activité soit en congruence avec les impacts qu’ils ont sur leur écosystème.
En ce sens, les Achats Responsables sont le 1er acte d’engagement de toute organisation publique ou privée. Le RAMEAU a coutume de dire que là où le mécénat est la porte d’entrée de chacun vers l’intérêt général, les Achats Responsables sont la porte d’entrée de chacun vers des partenariats économiques respectueux de tous.
Les impacts de cette relation bilatérale entre acheteurs et fournisseurs sont loin d’être anodins. Le témoignage de la Fédération des Entreprises de Propreté la semaine dernière lors du séminaire « Economie & Sens » de l’Ecole de Paris du Management est éloquent ! (Cf. blog « FEP : les TPE et les PME à la manœuvre ! »). Comment valoriser l’engagement de toute une profession qui se mobilise pour inscrire les défis sociaux, environnementaux et sociétaux au cœur de son métier ? Si les efforts consentis par les 13 000 entreprises et les 550 000 salariés – dont 350 000 se sont formés dans les 5 dernières années – ne se traduisent pas par une « prime à l’engagement » dans un marché à très faible marge, c’est alors la politique du moins disant qui règne ! C’est malheureusement encore trop souvent le cas, comme nous l’a rappelé Philippe JOUANNY mercredi dernier …
C’est face à cet enjeu de (re)connaître la valeur globale d’une offre de produits et/ou de services qu’il est utile de prendre connaissance du rapport d’évaluation du Médiateur des Entreprises sur le label « Relations Fournisseurs & Achats Responsables ». Depuis 10 ans, l’Etat a pris le pari de co-construire avec les entreprises, les partenaires sociaux et les fédérations professionnelles un outil très pragmatique qui qualifie les relations d’achat. Soulignons qu’à l’origine, il s’est très largement inspiré de la pratique de terrain de l’initiative privée « Pas à pas » qui avait pour objectif de faciliter les liens entre les entreprises et les structures d’insertion à la fois par l’activité économique et par le travail de personnes en situation de handicap.
C’est progressivement par cette observation des pratiques de terrain que la valeur de la relation a pu être qualifiée par l’ingénierie de terrain. Les travaux menés par la Médiation des Entreprises, en partenariat avec Le RAMEAU depuis 2018, ont par exemple pu identifier des pistes à creuser pour le déploiement, tant en lien avec la labellisation sectorielle à l’image de l’expérimentation menée avec le Club Génération Responsable (cf. blog du 21/10/2020 « Les achats responsables, une 1ére marche pour « jouer collectif » ») qu’en lien avec l’engagement territorial des entreprises (voir guide « Construire ensemble l’engagement territorial des entreprises »).
Remercions la Secrétaire d’Etat Olivia GREGOIRE d’avoir mandaté le Médiateur des Entreprises pour ce rapport, et plus encore à ce dernier de permettre à l’Etat d’inventer depuis 10 ans une nouvelle approche de co-construction des politiques publiques.
Pour aller plus loin, relisez l’article publié le 12/01/2021 suite à l’audition du RAMEAU dans le cadre de ce rapport.