Et maintenant ? Valorisons l’ODD 17 !

Avec la remise à la Secrétaire d’Etat Sarah El HAÏRY du bilan de 18 mois de co-construction d’une capacité collective à accélérer les alliances d’intérêt général en France, Le RAMEAU achève un cycle de 3 ans pour faire (Re)Connaitre la valeur du « jouer collectif » en France. Les résultats de la « feuille de route » ministérielle dépassent les objectifs fixés, tant sur les 4 chantiers structurels que sur les 21 mesures techniques. Que faire maintenant ?  

Les résultats de la feuille de route ministérielle « accélérer les alliances d’intérêt général » sont à la hauteur des enjeux. En 5 ans, la France a rattrapé son retard en matière de « jouer collectif ».  Lorsque le 25 septembre 2015, notre Nation signe les 17 Objectifs de Développement Durable, force est de constater qu’elle n’est pas en avance sur le 17ème ODD. Ce dernier est celui de l’alliance tous acteurs, tous domaines, tous territoires pour réussir l’Agenda commun. Publié deux mois plus tard, après 18 mois de mobilisation d’une équipe de personnalités pluridisciplinaires, le rapport « intérêt général : nouveaux enjeux, nouvelles alliances, nouvelle gouvernance » en explique les raisons au travers d’une analyse à la fois historique, juridique, politique, sociologique et philosophique de l’évolution du concept d’intérêt général sur 1.500 ans. Dans un contexte de transformation systémique, il est essentiel de savoir relire son passé pour le relier à ses défis pour l’avenir. Fort des enseignements des travaux de recherche empirique menés depuis 2006, un constat s’imposait déjà : ce n’est pas que la France ne sait pas « jouer collectif » ; c’est que cette dynamique, très présente sur les Territoires, est un actif non conscientisé. C’est un talent « sous les radars » que nous ne savons pas utiliser, et encore moins valoriser.

C’est le 12 janvier 2018 que Le RAMEAU décide d’ouvrir un cycle pour faire (Re)Connaitre la valeur du « jouer collectif » en France. Le succès du colloque du 23 novembre 2017 sur les impacts de la co-construction du bien commun avait été un « signal faible ». Il était organisé avec l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts pour le 10ème anniversaire de l’Observatoire des partenariats pour faire le récit d’une décennie de prise de conscience des enjeux et des impacts des alliances d’intérêt général. Il restait à en faire la preuve. Le succès du colloque du 12 janvier « intérêt général : dès aujourd’hui l’affaire de tous ? » incite Le RAMEAU à sauter le pas. Après la publication du dossier « intérêt général, posons-nous les bonnes questions ? », il a l’honneur d’être reçu à l’Elysée sur les recommandations de l’AMRF.

Devant le Cabinet du Président de la République, Le RAMEAU prend 3 engagements :

  • Passer de la capitalisation de la connaissance des enjeux de la co-construction du bien commun et des pratiques pionnières en matière de « jouer collectif » au développement des compétences au sein des organisations et des Territoires. Pour se faire, en partenariat avec la Banque des Territoires, le CGET (devenu ANCT depuis) et le Groupe La Poste, il va lancer la plateforme « l’innovation territoriale en Actions » pour (dé)montrer la dynamique déjà active localement, et permettre aux acteurs locaux de se saisir des données, outils et compétences qui leur sont utiles pour coopérer efficacement.
  • Instruire plus avant l’urgence de créer un « droit d’alliance » pour permettre de les démultiplier. Dès 2013, dans son 1er rapport au Gouvernement à l’occasion des Assises de l’entreprenariat sur l’Entreprise Responsable, Le RAMEAU avait souligné l’importance des freins techniques aux alliances, et notamment des risques juridiques pour les expérimentations innovantes en Territoire. Les positions de nombreux acteurs, des services de l’Etat à l’AFM-Téléthon, en passant par le MEDEF, convergeaient en ce sens. Les rapports du Conseil d’Etat sur les limites actuelles du droit Français militaient aussi pour favoriser les expérimentations. Les conditions étaient donc réunies pour passer à l’action.
  • Initier un nouveau dialogue entre les acteurs publics et économiques à l’écoute des dynamiques locales. L’idée de créer une « Fondation des Territoires » n’était pas neuve pour Le RAMEAU, mais le laboratoire de recherche avait tenu compte des conseils de Jacques DERMAGNE alors Président du CESE en 2010 : « ne commencez pas par les institutions », et « attendez le juste temps ». Le travail auprès des 350 « catalyseurs territoriaux », et la création du Réseau des pionniers des alliances en Territoire en 2014 avaient permis de « ne pas commencer par les institutions » … et le « juste temps » était arrivé. Dès le lendemain, le Cabinet du Ministre de la Cohésion des Territoires prenait contact pour en instruire l’opportunité.

Sur le 1er engagement, la co-construction de la plateforme pédagogique en 2019, puis son transfert au Réseau des pionniers des alliances en Territoire en 2020, a permis de passer de la capitalisation à la mise en pratique des connaissances. Le kit pratique « Connaissance des Dynamiques Régionales » avec l’Observatoire des partenariats, ou encore le kit pratique « Elaborer son Projet de Territoire » avec l’ANPP en sont les deux derniers exemples en date. La 6ème Rencontre des « catalyseurs territoriaux » en juillet dernier et le webinaire « qu’est-ce qu’un catalyseur territorial ? » nous donnent aujourd’hui les clés pour comprendre pourquoi nous pouvons en confiance « Oser les Territoires » pour la relance.

Sur le 2ème engagement, les résultats de la mission ministérielle parlent d’eux-mêmes (cf. les articles CAREnews « Relire, Relier et (Ré)Inventer le jouer collectif » et « ODD 17, le compte est bon ! »).

Sur le 3ème engagement, l’implication personnelle de la Ministre Jacqueline GOURAULT a permis d’impulser la préfiguration de la Fondation des Territoires. La quinzaine d’expérimentations territoriales menées en 2019-2020 a ensuite permis d’en illustrer les enjeux. La 3ème étape de la constitution de ce nouvel espace de dialogue et d’actions a été initiée le 23 novembre dernier lors du 3ème diner « Elus & Entreprises » au cours duquel les élus locaux ont réaffirmé le « besoin d’alliance ».  Sous la Présidence de Jean-Paul DELEVOYE, le Conseil de création travaille à l’invention du modèle de gouvernance qui permettra à toutes les parties prenantes de la Fondation d’être à leur « juste place ».

Le cycle ouvert le 12 janvier 2018 s’achève donc sur des avancées significatives sur les 3 engagements pris auprès du Cabinet du Président de la République à l’été de la même année. Réjouissons-nous !

Avoir une démarche pragmatique pour valoriser le « jouer collectif »

Comment valoriser ces résultats ? Tout d’abord avec beaucoup d’humilité car si les avancées depuis 2015 sont réelles, il nous reste un long chemin avant d’avoir réussi à « Agir ensemble » pour la réalisation des objectifs de l’Agenda 2030. Le rebond d’après la crise systémique que nous vivons depuis un an va être déterminant, et nous devons (dé)montrer notre capacité de passer de la « preuve de concept » au déploiement des alliances d’intérêt général en France. Seule l’Action est engagement ! Ce ne sont donc pas des mots qui sont attendus pour panser nos maux, mais des actes.

Pour agir avec efficacité et rendre compte de notre capacité à co-construire le bien commun, les 4 étapes de la valorisation ont été qualifiées. Le « carnet de recherche » du RAMEAU de la semaine du 3 au 7 mai en a rappelé les fondamentaux :

  • La capitalisation des pratiques de terrain sans lesquelles toute théorie est « hors-sol »,
  • L’évaluation partenariale pour établir les éléments constitutifs de la « preuve de concept » pour chacune des parties prenantes impliquées,
  • La modélisation économique des résultats pour pouvoir pérenniser l’Action qui doit reposer sur 3 piliers : les richesses humaines mobilisés, les ressources financières investies et les alliances stratégiques pour en démultiplier l’impact,
  • … et le faire-valoirà la fois auprès des praticiens, des institutions, des acteurs académiques… et des leaders d’opinion.

Cette approche apprenante et pragmatique de la valorisation a fait ses preuves. Il s’agit maintenant à chacun de définir comment la mettre en pratique. Le parcours étant spécifique à chacun, il ne saurait y avoir une voie unique. C’est au contraire à chacun d’inventer son propre chemin à partir de balises communes. Lorsqu’un bateau sort d’un port, qu’il soit zodiac ou porte-avion, il doit s’appuyer sur les bouées rouges et vertes qui lui indiquent le cadre commun dans lequel il peut inscrire sa propre trajectoire. Concernant notre Avenir commun, le cadre n’est autre que l’ODD 17 qui invite à une nouvelle philosophie politique par l’Action !